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Photo du rédacteurTony BARON

Les contrôles d'accès aux immeubles

Limiter les intrusions et permettre l’accès aux bonnes personnes, tel est le but des contrôles d’accès. La modernisation des équipements offre aux immeubles une vaste gamme de possibilités à condition de bien faire le point sur les besoins en amont.


Passer une première porte équipée d’un clavier à code, puis une deuxième porte dotée d’un interphone avant d’entrer dans un ascenseur également équipé d’un clavier à code, peut sembler fastidieux. C‘est pourtant la configuration qui existe dans bien des copropriétés et permet d’éviter que des cambrioleurs ou des squatteurs ne pénètrent dans l’immeuble. Cependant, il faut que les facteurs puissent distribuer le courrier, que les invités puissent entrer dans l’immeuble et les livreurs déposer leurs colis. Parmi ces différents modes de contrôle d’accès, les copropriétés peuvent faire leur choix en fonction de leurs besoins et de la configuration de l’immeuble.


Le clavier à code.- Rares sont désormais les immeubles qui ont conservé une seule clé pour accéder à leur hall d’entrée. Celle-ci présente, en effet, l’inconvénient d’être reproductible avec un risque certain en cas de perte. La plupart des copropriétés ont installé un clavier à code, parfois appelé Digicode, de la marque du groupe CDVI. Posé sur la porte d’entrée et parfois sur des portes secondaires, le clavier à code est raccordé au système électrique. En composant le code, on libère une ventouse ou une gâche qui permet d’ouvrir la porte. En cas de coupure de courant, la gâche ou la ventouse est automatiquement libérée. Ce type d’équipement est relativement simple à utiliser et à installer même sur des portes anciennes. Dans les immeubles anciens, il est possible de raccorder la porte à l’électricité des parties communes. Si la copropriété prend ce type de décision, mieux vaut pratiquer une saignée sur le mur pour faire passer les fils électriques au lieu d’utiliser une goulotte. Cela évite que les fils soient accessibles et donc facilement sectionnables.

Ce code joue le rôle d’un premier filtre, notamment de personnes opportunistes qui voudraient s’installer dans le hall de l’immeuble. Mais il présente des inconvénients : s’il n’est pas changé régulièrement, tout le quartier le connaît et le contrôle d’accès n’est pas efficace. Ce code est d’autant plus diffusé s’il n’est pas couplé d’un interphone. Le résident ne peut pas savoir que son livreur ou ses amis sont en bas. Il donne alors le code, qui, de fait, est connu. D’ailleurs, dans certains immeubles, il est demandé aux occupants de ne pas le diffuser aux livreurs mais sans résultat tangible en général.

Les interphones.- Autre mode de contrôle d’accès, les interphones permettent de mettre en communication la personne arrivant sur place et son interlocuteur resté à l’étage. Ce dernier peut libérer la gâche ou la ventouse à distance. Un interphone est «filaire» lorsque ses deux parties, c’est-à-dire la platine dans le hall de l’immeuble (ou parfois dans la rue) et le combiné à l’intérieur de l’appartement sont reliés par un câble. Cette solution s’avère la plus efficace en matière de transmission, notamment lorsque les deux parties sont loin l’une de l’autre. Mais c’est aussi la plus contraignante à installer puisqu’elle demande de réaliser des saignées dans les murs à tous les étages afin de réaliser le câblage ainsi qu’une alimentation électrique répondant aux normes en vigueur et correctement reliée au tableau électrique.

Depuis quelques années, les interphones se sont modernisés. La platine située en bas de l’immeuble et le combiné à l’étage communiquent par GSM (les mêmes ondes qu’un téléphone portable). Souvent, votre téléphone portable joue le rôle de combiné et lorsqu’on sonne chez vous, c’est le mobile qui vous prévient qu’un visiteur est présent sur place. Que vous soyez chez vous, au bureau ou en vacances, cela peut vous permettre, par exemple, d’ouvrir à une personne de confiance, de parler au visiteur ce qui permet d’éviter que l’on pense que l’appartement est vide. L’installation de ce type d’équipement est moins onéreuse car aucune installation de câble n’est requise.

Attention cependant au coût des abonnements internet nécessaires au fonctionnement de l’installation GSM qui peuvent s’avérer élevés au fil des années. De plus, ces systèmes ont un inconvénient certain : les personnes non connectées, notamment les personnes âgées ou à l’inverse les enfants qui ne sont pas encore dotés d’un téléphone portable ne peuvent pas ouvrir au visiteur qui attend dans le hall. De plus, ce type de solutions nécessite, d’être en possession d’un smartphone ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Les experts en contrôle d’accès estiment donc préférable de privilégier autant que possible les installations filaires classiques et de ne conserver les solutions connectées que dans les cas où il est complexe de procéder avec un système filaire. Par exemple, le GSM peut être une bonne option dans le cas d’un immeuble dans lequel les chambres de bonne ont été transformées en appartements mais pour lesquelles des interphones n’ont pas été prévus lors de la conception de l’immeuble.


À noter : un système GSM implique qu’un copropriétaire ou un gardien se charge de paramétrer les numéros de portable sur lequel l’interphone va appeler. Sinon, un prestataire peut s’en charger mais cela a un coût. De plus, le nombre de numéros de mobiles que le système peut accepter par appartement est généralement limité. Familles nombreuses s’abstenir !

Les portiers vidéo.- Autre modernisation, l’interphone est désormais presque toujours équipé d’un écran vidéo. Une caméra située sur la platine située dans la rue ou dans le hall d’entrée diffuse une image sur le combiné de la personne à l’étage. Celle-ci peut vérifier à qui elle ouvre la porte. La grande majorité des platines récentes sont d’ailleurs équipées de cette caméra, même si les appartements ne sont pas encore dotés de combinés avec écran (aussi appelé portier vidéo). Ces combinés sont onéreux : il faut compter entre 300 et 400 euros, 200 euros pour un combiné classique sans image.


Le système Vigik.- À tous ces équipements, s’ajoute le système Vigik®. Placé sur le clavier à code ou sur la platine, ce système développé par La Poste permet l’accès des professionnels aux parties communes de l’immeuble comme La Poste, Enedis, GRDF, les ascensoristes etc. Mais il peut également intégrer un contrôle d’accès des résidents. Il s’agit d’un badge (une clé électronique) que l’on présente devant un boitier intégré à la platine. Une centrale de programmation vérifie les données du badge : en fonction du badge, des plages horaires peuvent être activées. Le système Vigik® régit uniquement l’accès des professionnels (prestataires de services et opérateurs) selon un standard qui s’applique à tous les produits référencés Vigik®. L’accès aux résidents est, quant à lui, contrôlé par des systèmes spécifiques à chaque fabricant. Ces systèmes cohabitent au sein du même contrôle d’accès global mais les badges résidents et ceux des professionnels ont des caractéristiques différentes. Là encore, pour les badges résidents, un prestataire doit paramétrer les badges. Cette tâche est plus simple que le cas d’un interphone GSM car il n’y a pas de numéro de téléphone à rentrer dans le système et à enlever en cas de départ d’un des résidents. Lors d’un départ, l’ancien occupant donne juste son badge au nouvel arrivant. En cas de perte d’un badge, celui-ci peut être désactivé, interdisant l’accès à l’immeuble : une solution sécurisante en cas de vol du sac à main avec les papiers, l’adresse, etc.

Enfin, à l’avenir, il ne sera peut-être plus nécessaire d’avoir un badge. Les moyens de contrôle d’accès développés notamment aux Etats-Unis permettent au résident qui arrive dans son immeuble de s’identifier au moyen de son téléphone portable avec une application et le Bluetooth du téléphone. La proximité du téléphone permettra de débloquer la porte. Celle-ci pourra également être débloquée en posant son doigt sur le téléphone ou encore par la voix. Les copropriétés ne sont pas encore arrivées à ce stade de technologie, sauf les immeubles très récents où la domotique règne sans partage, mais ces systèmes déjà utilisés par les entreprises devraient se diffuser petit à petit dans les années à venir.


FAIRE LE POINT SUR SES BESOINS

Pour autant, avant de choisir un système de contrôle d’accès, il faut faire le point sur les besoins de l’immeuble. Bien souvent, les copropriétés se lancent dans ce type de travaux parce que les systèmes en place n’ont pas permis de freiner une intrusion ou montrent des phénomènes d’usure. En effet, quand il s’agit de câbles installés il y a vingt ou trente ans, le système dysfonctionne généralement : les combinés ne permettent plus toujours d’entendre la personne qui est dans le hall, ou bien, ils ne permettent plus d’ouvrir la porte. Parfois, il arrive même que l’usure des câbles aboutisse à ce que le visiteur en appuyant sur un interphone sonne, chez plusieurs voisins à la fois ! Il faut donc refaire le câblage (à moins de choisir l’option GSM) et changer combinés et platines. Selon la taille de l’immeuble, cela peut représenter plusieurs milliers d’euros : de 5000 à 6000 euros pour un petit immeuble à plus de 10 000 euros pour une copropriété importante. On prend donc souvent ce genre de décision lors de la réfection des parties communes. Et quand on souhaite l’installation de portiers vidéos, une réfection des câbles est obligatoire.

En fonction de la configuration de l’immeuble, il faut d’abord choisir le degré de contrôle d’accès nécessaire. En effet, si l’immeuble est situé dans un quartier sensible, il sera peut-être nécessaire de jouer sur tous les systèmes à la fois, c’est-à-dire un interphone ou un code à une première porte, puis un autre équipement à une deuxième porte et encore un contrôle d’accès dans l’ascenseur.

Autre besoin à examiner : les personnes en situation de handicap. En principe, les nouveaux systèmes prennent mieux en compte cette problématique. Les nouvelles platines sont d’ailleurs équipées de touches en braille, des systèmes sonores sont également disponibles. Même si la copropriété n’est pas un établissement recevant du public (ERP) et a donc moins de contraintes que ceux-ci, elle peut cependant commander des travaux de façon à intégrer ces problématiques. C’est le cas notamment lorsque l’immeuble abrite des cabinets médicaux.

Une fois les besoins de l’immeuble recensés, il est possible de demander un devis à des prestataires. Plusieurs devis doivent être réalisés pour être présentés en assemblée générale. Pour trouver un artisan, outre le bouche à oreille, il est possible de se rendre sur le site de Qualifelec qui délivre les qualifications dans les domaines du génie électrique, énergétique et numérique qui comprend les contrôles d’accès. Cela permettra de choisir une entreprise formée et à jour de ses obligations.

À noter : dans la plupart des règlements de copropriété, les combinés d’interphone situés dans les appartements sont considérés comme des équipements individuels. Autrement dit, si un combiné ne fonctionne plus, son coût est assumé par le copropriétaire concerné et non par l’ensemble de l’immeuble, même si c’est le prestataire envoyé par le syndic qui assure le dépannage.


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